Édito : Des départs difficiles

couv10Petites réflexions sur les départs, ceux sans retour.
Pour chacun de nous, il y a différentes manières de tourner la page. Des départs possibles, il y en a tant, des petits et des grands, des insignifiants et des radicaux, il y en a autant que de cas particuliers. Ils traînent avec eux leur lot de mystère et d’incompréhension, leur cortège d’épreuves et de souffrances, suivis par autant de reconstruction ou de renaissance. De reconnaissance aussi !

Il y a l’avant, il y a l’après.
L’important c’est de se lancer dès que possible dans l’après, dans l’inconnu… Tous ces événements nécessitent un travail de deuil de la part de ceux qui les subissent, souvent sans les comprendre… D’où un profond et douloureux sentiment d’injustice. Ceux qui partent en général, ont fait le travail de deuil avant le jour J…
Ce n’est pas forcément plus facile, mais quand la page est tournée, elle est tournée, on peut passer à autre chose. Finalement le deal, ce serait de partir avant les autres…
Bye, bye, démerdez-vous !
Pas sûr, partir, cela peut aussi être une fuite. Dans ces cas-là mieux vaut rester. Mais on ne le sait pas forcément… et quand la porte est prise difficile de revenir ! Dans tous les cas et quelle que soit l’épreuve, que l’on y soit préparé ou non, il faut avancer, la vie vaut bien un petit effort ! Ça c’est une évidence. La réflexion pourrait s’arrêter là.

Non, car de tous ces départs, il en est de plus douloureux que d’autres, qui méritent une attention particulière. Ce sont les irréversibles, les décès… Inacceptables, parce que définitifs, sans retour possible.

Dès les premiers comités de rédaction, le choix avait été fait de ne pas tenir de rubrique nécrologique dans les colonnes du Lien. Pas gai, et puis ce n’est pas notre rôle non plus !

Alors, reste cet espace de liberté qu’est l’édito. Il me permet d’aborder les joies et les peines de la vie.
Cette année a vu partir des personnages emblématiques de notre belle discipline. Je pense à Maurice Métézeau, imposant patriarche d’une dynastie (et d’une fratrie) de vanniers qui pourrait inspirer bien des romanciers et passionner bien des lecteurs…

Je pense aussi à Roger Gaude, infatigable serviteur des adeptes du rotin, qui aurait dû être acteur de ce numéro, mais a trop brutalement quitté la scène, laissant à ses enfants l’opportunité d’écrire eux aussi une page de l’histoire de l’entreprise familiale.

Je pense à l’ami Guy Barbier, avec qui nous partagions cette passion pour la vannerie sous toutes ses formes, de la plus humble à la plus sophistiquée… J’en profite d’ailleurs pour glisser ici un message personnel : Guy, on a raté deux ou trois rendez-vous cet hiver passé, (y a des fois où ça ne le fait pas…), mais on ne t’oublie pas !

Je n’oublie pas non plus les nombreux anonymes qui partent sans vague. Ainsi Muriel qui, dans la fleur de l’âge, laisse de jeunes enfants orphelins et un époux accablé d’une si profonde tristesse… Mais j’ai plus connu les trois personnages cités, leurs parcours, leurs combats, leurs passions… Je sais à quel point leur exemple a su inspirer des vocations, ouvrir des portes, dévoiler des horizons nouveaux à tant d’entre nous. En fait, ils sont pour moi un prétexte pour aborder ce sujet si délicat des départs difficiles !

Maurice, Roger, Guy, Muriel et les autres, chacun à votre manière vous avez tracé une voie ; pour cela et tout le reste, pour l’amitié, les engagements, les coups de gueule, les partages, les verres de rouge et les assiettes de soupe, MERCI.

Le message que vous nous laissez est clair : « Continuons d’avancer, la vie est belle, profitons-en… ».
Nous vous savons à nos côtés, re-Merci !

B. B.

 

Extrait du LLC n° 10 de décembre 2014

 


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