Édito, LLC 30, décembre 2019

Mais pourquoi ne fait-on rien ?

Dans le précédent numéro je vous ai parlé de collapsologie et d’effondrement industriel.
 Il est indiscutable qu’aujourd’hui, les questions concernant l’avenir de l’humanité à court et moyen terme, prennent une dimension dramatique rarement atteinte. La situation est d’autant plus pathétique que nous sommes à une période charnière de notre histoire. Nous avons, à titre individuel et collectif, tous les éléments de réflexions et d’analyses de nos comportements destructeurs. Mais nous sommes impuissants à pouvoir (vouloir) changer le cours des choses. Pourquoi ?
Nous baignons dans la facilité matérielle, tout en ayant conscience que ce (ces !) privilège(s) ne sont pas acceptables. Le rythme d’exploitation des ressources naturelles disponibles sur la planète Terre est beaucoup trop élevé. Et la fuite en avant technologique qui nous a si souvent tirés d’affaire par le passé, ne semble rien pouvoir y changer cette fois-ci, simplement par manque de temps ! L’urgence de la situation est telle qu’il faudrait agir vite (hier !) et intelligemment, en terme d’environnement… C’est pas gagné !

Un danger imminent

Ce paradoxe, la conscience aigüe d’un danger imminent et l’impossibilité de modifier notre trajectoire, tient justement à ce « confort » acquis auquel, consciemment ou non, nous ne voulons surtout pas renoncer. Nous tenons à conserver nos modes de consommation, comme nos voitures et nos avions… Et surtout, ne pas être les premiers à faire le premier pas. Alors qu’en tant que nantis, nous devrions montrer l’exemple.
Mais les temps changent, signe d’espoir. Aujourd’hui, des marches de renoncement et de dénonciation du
système consumériste sans limite rassemblent des milliers d’individus. Ils sont prêts à accepter et même à exiger des « politiques » que de véritables mesures de décroissance soient prises, afin de ménager un futur viable. Alors, peut-être est-il permis d’espérer que ces mêmes « politiques » se mettent enfin à soutenir des filières « propres, locales et durables », comme celles artisanales et paysannes qui pourraient seules faire revivre nos territoires désertifiés par deux siècles d’aveuglement industriel et capitaliste.

LLC30-Karen Corentin édito

l’oseraie de l’Ile – Karen Corentin

Artisanat et retour aux vraies valeurs

Beaucoup de petits artisanats ont su résister à ce rouleau compresseur. Ce n’est pas le moment de baisser les bras, au contraire. Ce nouveau numéro du Lien créatif nous montre des parcours de vie riches, créatifs, viables et surtout épanouissants. Ils doivent nous inspirer dans nos choix personnels et guider les jeunes générations dans leurs propres choix de vie. Nous savons par vos retours que Le Lien créatif porte bien son nom. Il passe de main en main, confortant les uns dans leurs parcours (sans en nier les difficultés) et ouvrant aux autres des horizons insoupçonnés.
Tout cela me rappelle une réflexion maintes fois entendue, souvent sortie de la bouche de nos anciens, sages parmi les sages, évoquant leur artisanat : « Tu verras, on y reviendra (à la vannerie, au potager dans chaque foyer…), par la force des choses, on y reviendra ! ». Cette prophétie trouve aujourd’hui un écho inattendu, un écho que Le Lien créatif, et avec lui ses lecteurs, est fier de répercuter par-delà les montagnes…

Bernard Bertrand


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