Edito Le Lien Créatif 31 : Des liens et des ponts

La vannerie – une extraordinaire richesse

Les numéros du LLC se suivent et ne se ressemblent pas… Bonne nouvelle, sans ce renouvellement permanent, il serait bien difficile de fidéliser un lectorat, naturellement animé d’une curiosité sans limite.
Ce fut d’ailleurs l’inquiétude de beaucoup en 2012, époque (lointaine) du lancement de la revue, qui nous prédisaient : « Vous ne tiendrez pas longtemps, vous allez vite faire le tour du sujet… ». C’était sans compter sur l’extraordinaire richesse d’une discipline aux multiples déclinaisons. Nous le pressentions, le temps nous a donné raison, l’inquiétude était infondée.

Vannier professionnel et amateur – la diversité fait la force

Si le dernier LLC était largement consacré au travail de vanniers professionnels, le présent numéro l’est à des associations animées par des amateurs accomplis. Professionnels et amateurs, deux populations qui dans de nombreux domaines ruraux (artisanaux et paysans) se côtoient, le plus souvent en s’ignorant, parfois, triste constat, en s’opposant et en se méprisant…
Le jardinier amateur produit ses légumes, le petit menuisier fait ses meubles, l’amoureux des abeilles ses quelques kilos de miel, etc. Une diversité de profils qui constitue toute la richesse d’une population pour qui le « faire soi-même » est synonyme d’épanouissement personnel, mais aussi d’un peu d’indépendance. Parfois de survie économique, lorsque, le sujet est d’une étonnante actualité, les régimes de retraite sont déficients et/ou certaines populations exilées ou marginalisées sont rejetées par une culture qui n’est pas la leur. C’est le cas des Roms et des gens du voyage, pour qui la vannerie est une seconde nature.
Certes, certains abus nuisent à une cohabitation sereine, la nature humaine n’y est pas étrangère… Il arrive parfois que des phénomènes de concurrences déloyales viennent pénaliser les marchés officiels et leurs monstrueuses taxations… Mais de là à interdire les potagers amateurs ou les petits élevages familiaux, comme le demandent certaines personnes bien mal intentionnées, toujours sous de mauvais prétextes sanitaires et sécuritaires, il y a un pas vers une dérive totalitaire qu’il faut refuser de toutes nos forces.

Résistance et solidarité

Ce sont bien nos dernières libertés qui s’envoleraient si nous ne résistions pas à ce redoutable rouleau compresseur qu’est la société de consommation ; elle cherche à écraser le don, l’échange, le partage et toute autre forme de solidarité qui ne serait ni taxable, ni monnayable. Parmi tous les aînés que nous sommes devenus, lequel d’entre nous ne s’inquiète pas des privations de liberté survenues en un demi-siècle ? Avec en parallèle, l’accroissement dramatique de subtiles dépendances dont on nous fait croire qu’elles seraient des acquis sociaux… Cherchez l’erreur !
Le sujet pourrait être longuement développé…
Tout cela rappelé, loin de moi l’idée de plomber l’atmosphère. Certains paramètres de la solution sont la tolérance et l’acceptation de nos différences.
 NON, vanniers amateurs et professionnels ne sont pas des concurrents. Qui d’autre, mieux qu’un vannier amateur, sait le temps et l’énergie qu’il faut pour tresser une vannerie ? Qui sont les premiers acheteurs de beaux paniers, si ce n’est ceux qui en connaissent la vraie valeur, et qui ne rechignent pas à y mettre le véritable prix. Et puis, question innovation et créativité, les amateurs ne sont pas en reste, c’est ce que vous allez découvrir en feuilletant ce numéro, qui fait le plein de belles et inspirantes réalisations…
Aussi, notre première résolution pour 2020, continuer à tresser des liens et des ponts entre tous les vanniers du monde, quel que soit leur statut, pour que vive longtemps la vannerie dans toute sa belle diversité. Nous le faisons pour nous, pour nos enfants et petits-enfants.


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